Publié le

Polyhandicap, communication et aides à la communication – Communiquer autrement

Chapitre 17 du livre “La personne polyhandicapée – 2e édition : La connaître, l’accompagner, la soigner”. P. Camberlin et G. Ponsot. Coll. Guide Santé Sociale. Janvier 2021. Dunond: Malakoff

Chapitre écrit par Cataix-Negre E.

Médiation/Vulgarisation :

Communiquer permet d’exister et de se construire, d’exprimer ses besoins, ses émotions, sa pensée, ses désirs, d’échanger des informations, de recevoir et transmettre des messages, d’entrer en relation avec les autres, de se sociabiliser.

La personne avec polyhandicap est en situation de handicap de communication en raison de son expression altérée, difficilement interprétable et subjective, mais le partenaire est aussi en situation de handicap de communication, dans sa grande difficulté à comprendre, à mettre du sens dans les manifestations corporelles et non verbales de la personne et à se faire comprendre d’elle.

Dans le processus de communication, seulement 7% reposeraient sur la langue orale, 38% pour le ton et le son de la voix, et 55% pour la gestuelle et les expressions du visage.

Principes généraux de la communication alternative et améliorée (CAA)

  • Suppléance et multi-modalité

La communication dite « alternative » vise à proposer des moyens de remplacement quand la communication naturelle n’est pas suffisante pour être fonctionnelle.

Il existe une gamme très large d’activités et moyens en CAA :

  • les expressions faciales et mimiques, gestes corporels, les signes  
  • les symboles significatifs représentant un concept en objet, image, pictogramme ou autre, sur un panneau ou un tableau rassemblés dans des aides techniques non technologiques 
  • des appareils électroniques avec synthèse vocale.

Pour la personne avec polyhandicap la multi-modalité est primordiale.

  • Bain de langage et modélisation, observation et évaluation

Créer un bain de langage en CAA, c’est vivre une vraie séquence de communication, dans la vraie vie, avec de vrais objectifs. Il faut adopter un comportement positif de « modélisation » c’est-à-dire se saisir des outils de CAA de la personne en complément de la parole et utiliser un parler simple.

Avec un environnement humain attentif et « modélisateur », des évaluations plus pertinentes pourront être menées, la construction d’une grille d’observation pluridisciplinaire pour construire un projet individuel de communication et mettre en place des moyens de CAA adaptés à chaque personne.

Quels moyens de CAA mettre en œuvre avec une personne polyhandicapée?

  • Le passeport de communication

Cahier, affiche, dépliant, livret qui explique en mots, photos, images comment la personne communique le mieux, ils facilitent l’entrée en relation, permettent le lien avec des partenaires de communication nouveaux.

  • Les outils du quotidien : emploi du temps, affichages, tableaux d’activité, signalétique

Idéalement, tout l’environnement visuel et humain devrait apporter des informations multi-modales.

La planchette de communication pour scratcher deux ou trois images proposant un choix à la personnes (repas, habillage).

L’emploi du temps qui représente le temps qui passe avec des supports faciles à comprendre à poser, décoller, déplacer, apparier, permettant de travailler le sens de l’image.

Le tableau d’activité, pour une activité précise « mettant en scène » grâce à des images l’activité.

  • Le cahier de vie

Souvent premier outil, parfois le seul, avec une structure biographique, c’est un journal en pictogrammes, dessins, objets qui se construit au fil du temps, mois, années. Il sollicite des images mentales de situations vécues.

  • Les tableaux de communication avec classement contextuel

Planches de pictogrammes, d’images, de photos censées être mises bout à bout pour exprimer un message. Tout doit être adapté à la personne, le tableau, le type de pictogrammes. La désignation peut être manuelle ou oculaire ou passer par le partenaire.

  • Les appareils de communication

Ils sont multiples et leur utilité est indéniable. L’impact de la voix permet de s’entendre, de vérifier le message, de se faire entendre. Boutons parlants, boîtes à message, tablettes numériques, les possibilités sont immenses, mais il ne faut pas les rendre trop riches.

Le temps nécessaire et indispensable

L’idéal est la complémentarité entre technologie et non technologie pour mettre en place un outil de CAA. Et le temps, un temps partagé au rythme de la personne avec polyhandicap. Le partenaire est le « passeur », maillon essentiel, dont l’intelligence, la disponibilité, la sensibilité installent la communication.

Pour davantage de détails, nous vous invitons à lire le chapitre rédigé par Cataix-Negre E. (2021).