Rousseau MC, Beltran A, Hamouda I, Aim MA, Felce A, Lind K, Khaldi N, El Ouazzani H, Auquier P, de Villemeur TB, Baumstarck K.
Front Public Health. 2024 Oct 18;12:1427289. doi: 10.3389/fpubh.2024.1427289. PMID: 39494083; PMCID:PMC11528692.
Médiation/Vulgarisation :
Le polyhandicap désigne l’association de handicaps mentaux et moteurs sévères entraînant une dépendance totale. Les personnes concernées nécessitent des soins constants, complexes et assurés par une équipe pluridisciplinaire. Les soignants travaillant dans ces institutions font face à des tâches physiques exigeantes et à des situations émotionnellement éprouvantes.
La cohorte nationale française EVAL-PLH a suivi entre 2015 et 2021 des professionnels exerçant dans 4 centres spécialisés et 8 structures médico-sociales. Elle a évalué la qualité de vie selon ses trois volets : physique (santé physique), sociale (relation sociale) et psychologique (bien-être psychologique).
Lors de la première évaluation (2015-2016), 316 soignants ont participé. La seconde évaluation (2020-2021) a réuni 223 participants, majoritairement des femmes et des aides-soignants ou éducateurs. Parmi eux, 61 avaient déjà pris part à la première phase.
Parmi ces 223 soignants, près de 40 % ont déclaré des difficultés financières et autant souffraient de maladies chroniques. Environ un sur cinq envisageait de quitter son poste, souvent en raison du surmenage. Leur qualité de vie physique et sociale s’avérait inférieure à celle de la population générale française, tandis que la qualité de vie psychologique était plus élevée, traduisant un fort sens donné à leur travail.
Les principaux facteurs associés à une baisse de la qualité de vie physique étaient l’âge avancé, la présence de maladies chroniques, un niveau d’anxiété élevé, l’épuisement professionnel (burnout), et une moindre utilisation de la résolution de problèmes comme stratégie d’adaptation connue comme étant positive.
La qualité de vie sociale est fragilisée par le célibat, un niveau d’anxiété élevé et l’utilisation d’une stratégie d’adaptation connue comme étant négative qui est l’évitement (fuir ou ignorer les difficultés). Enfin, la qualité de vie psychologique était affectée par les difficultés financières, la présence des maladies chroniques, un niveau d’anxiété élevé et l’utilisation de l’évitement comme stratégie d’adaptation.
Ces résultats mettent en évidence plusieurs leviers d’action pour améliorer la qualité de vie des soignants : renforcer les stratégies d’adaptation positives, proposer des formations régulières sur la sécurité et la manipulation des patients, favoriser la communication autour du suivi des patients, et développer des programmes de prévention visant à réduire le stress et le risque d’épuisement professionnel.
En conclusion, s’occuper de personnes polyhandicapées a un impact ambivalent : une activité exigeante physiquement et socialement, mais profondément gratifiante sur le plan psychologique.