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Pourquoi certains patients lourdement handicapés semblent protégés contre les caillots sanguins ?

Rousseau MC, Guillotel B.

Brain Inj. 2001 Dec;15(12):1041-4. doi:10.1080/02699050110088236. PMID: 11712950.

Médiation/Vulgarisation :

Cette étude s’intéresse aux risques de thrombose veineuse profonde (TVP), c’est-à-dire, à la formation de caillots sanguins dans les veines profondes chez les patients atteints de déficience intellectuelle et de paraplégie ou tétraplégie. Ces caillots peuvent être dangereux, car ils peuvent bloquer la circulation ou migrer vers les poumons causant ainsi une embolie pulmonaire, c’est-à-dire, une obstruction d’une artère des poumons.

Les chercheurs ont suivi 57 personnes vivant en institution depuis en moyenne 18 ans, car elles présentaient normalement un risque élevé de TVP en raison de leur immobilisation, mais aussi d’autres facteurs comme les fractures, les chirurgies orthopédiques ou les traitements hormonaux.

Les résultats ont montré que même si plus de la moitié des personnes avait cumulé des facteurs de risque (chirurgies, fractures, puberté féminine, etc.), aucun cas de thrombose ni d’embolie pulmonaire n’a été observé, et cela sans aucune prévention particulière (ni anticoagulants, ni bas de contention, ni mobilisation).

L’explication la plus probable avancée par les chercheurs est que la spasticité (raideur musculaire due à la paralysie) jouerait un rôle protecteur : en augmentant le tonus musculaire, elle favoriserait le retour du sang vers le cœur, limitant ainsi la formation de caillots. Toutefois, ce facteur ne suffit pas à expliquer totalement l’absence de cas, car d’autres études montrent que la spasticité n’empêche pas toujours l’apparition d’une TVP. Le retard pubertaire observé chez ces patients pourrait également jouer un rôle protecteur.

En résumé, cette population de personnes semble étonnamment protégée contre les caillots sanguins, contrairement à d’autres personnes paralysées (après un accident de la moelle ou un accident vasculaire cérébral par exemple), même en l’absence de prévention. Les chercheurs recommandent cependant des mesures simples lors de chirurgies (bas de contention, surélévation des jambes), car l’origine exacte de cette protection reste incertaine.